Sur le ruisseau de la Guette, affluent de la rivière du Barangeon, à une lieue en aval du château des Tureaux, on distingue encore les traces d’une forteresse d’observation édifiée en doubles enceintes entourées d’un fossé en eau : « la motte de la Guette ».
On raconte que dans les ruines de cet antique édifice qui permettait de surveiller sur plus d’un kilomètre la voie gallo-romaine « Bourges-Orléans », vivait en l’An 1367, une vieille femme avec ses deux fils «Cadet» et « Cadichon », dont les mules étaient constamment sellées et prêtes à fondre sur le moindre voyageur afin de l’accueillir avec force empressement en ce sordide lieu transformé en auberge. C’était, bien sûr, pour le détrousser en toute tranquillité, et le faire disparaitre au plus vite.
Un soir, se présenta en hospitalité, un jeune homme dont la beauté parut si séduisante à une pauvre servante que celle-ci souhaita le sauver : « Vous êtes perdu », lui dit-elle, « si vous restez ici jusqu’au matin, personne n’en réchappe. Déjà la nuit est sombre, coupons les sangles des mules et sauvons-nous sur votre cheval sans perdre une minute…. »
Ainsi fut fait, mais par mesure de précaution, la vieille aubergiste avait placé sous le pont-levis une sonnette qui s’ébranlait au moindre passage, et qui lui faisait immédiatement s’écrier « Cadet, Cadichon, au pont de la Guette il fait bon ». C’était le signal entendu des tristes compères qui se lancèrent aux trousses des fuyards, accompagnés de dogues féroces.
Les malheureux fugitifs se dirigèrent vers Méry-ès-bois, mais le cheval, chargé d’un double fardeau et déjà éreinté par la longue route de la journée, ne conserva pas longtemps l’avance du départ. Il put à grand-peine atteindre Plancheton près du bourg, puis tomba raide mort près du parvis de l’église, ayant assuré néanmoins le salut de son maître et de sa promise, car les deux brigands n’osèrent pas s’aventurer au cœur du village.
Le beau voyageur, reconnaissant, épousa celle qui l’avait tiré d’un si mauvais pas.
Dénoncés, les aubergistes malfaisants furent saisis dans leur repaire, puis enfermés dans des tonneaux dans lesquels on avait enfoncé des clous, pointes acérées vers l’intérieur. On transporta les trois tonneaux sur une charrette sur les hauteurs du « Tertre de Ré » près de la Fontenille, d’où on les jeta jusqu’au bas de la colline.
Ainsi finirent les brigands, et naquit la légende de « l’auberge de la Guette »…….