Dans l’église de Méry-ès-bois, sont deux pierres tombales (ainsi que quelques stalles en bois, les plus belles d’époque Louis XV sont dans l’église d’Henrichemont) apportées de l’Abbaye cistercienne de LOROY (Lorregius, Lorroy, Loroy) pendant la révolution, où les seigneurs de Sully avaient le privilège d’avoir leurs sépultures :
L’une est du XIIIème siècle, la bordure et une surface au milieu droit ont été enlevées. Des croix de consécration tracées sur des surfaces vides aux quatre angles, ainsi que l’évidement central qui avait pour but de loger un tabernacle, transforment ainsi la pierre en table d’autel.
Le dessin, en trait large de 5 à 7 millimètres, représente un guerrier debout, sous un arceau aigu sous-tendu de meneaux trilobés reposant sur des pilastres (colonnettes) à chapiteaux fleuronnés et à bases toriques.
Le guerrier a la tête nue, les cheveux longs ondulés de chaque côté mais courts sur le front, avec une barbe courte. De pleine face, les traits sont réguliers avec un nez assez long. Le corps est couvert d’une cote de mailles qui est visible aux bras, aux mains jointes droites en prière devant la poitrine, aux jambes, aux pieds, et dont le haut est en bourrelet autour du cou. Par-dessus, une tunique d’étoffe sans manche, serrée à la ceinture, et tombant jusqu’aux genoux. A son bras gauche est suspendu un bouclier portant les armoiries des Sully « lion sur un champ semé de molettes d’Or sur fond d’azur ». L’évidement a enlevé la pointe de cet écu et une partie du baudrier percé de trous. La pointe de l’épée va obliquement de la droite en haut vers la gauche en bas.
Dans les tympans de l’arceau sont deux cercles : l’un, à gauche, à rayons infléchis, représente le soleil ; l’autre, à droite, garni de traits croisés, figure la Lune.
Les inscriptions : sur la bordure en haut « …IACET NOBILIS », sur la bordure en bas « CO QVI DECESSIT IN APVLIA », le reste est en points elliptiques. Les lettres C,E et D sont lunaires et fermées ; les N ont la seconde branche ondulée, et les A ont la partie supérieure horizontale longue. Sur la bordure droite manque « Dominus Henricus De Solia » (sans preuve).
Cette pierre tombale est certainement celle de Henry II de Seuly (Sully) qui mourut en 1269 en Apulie (contrée de l’Italie antique correspondant aux Pouilles), au service de Charles d’Anjou, frère de Saint Louis IX, et Roi de Naples quand la royauté des Deux-Siciles lui fut attribué en 1266.
Il existe dans la chapelle de droite, une autre tombe à laquelle manquent la partie supérieure et le nom du défunt, mais qui porte la date d’août 1417.
Il est représenté couvert d’une armure de fer dont les coudes sont garnis de plaques rondes. A son côté gauche est une épée courte qui tombe droit, et à sa droite, une dague. Aux côtés, des pilastres à bases prismatiques devaient porter un dais.
Il ne reste de l’épitaphe en minuscules gothiques que : « …GENON LEQVEL TRESPASSA LE … IOVR DAOVST L’AN DE GRACE MIL QVATRE CENS DIX SEPT PRIEZ DIEV QUE DE LVI…. » On a supposé longtemps que sous cette dalle reposait un des enfants de Marie de Sully , Princesse de Boisbelle, et de Guy VI de la Trémoille (Trémouille dit « le Vaillant » décédé à Rodhes des suites de la bataille de Nicopolis en 1398).
Cependant, il semble plus vraisemblable qu’il s’agit d’un autre Seigneur dénommé Troussebois de Villegenon, comme tend à le prouver la terminaison GENON gravée dans la pierre. Cette famille avait un lien avec Lorroy. Comme pour l’autre pierre tombale, des croix de consécration nous indiquent son emploi comme autel.